Le 8 novembre dernier, le Baylor College of Medicine de Houston au Texas organisait un colloque. Cet évènement, qui avait pour partenaire l’Association Alzheimer de Houston et du sud-est du Texas, avait pour ambition de partager les recherches les plus récentes. Ainsi, un lien aurait été fait entre le virus de l'herpès et la maladie d'Alzheimer.
Rappelons que la maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui est la sixième cause de décès aux États-Unis. Aujourd’hui 5,7 millions d’Américains sont touchés. Ce nombre pourrait s’élever à 14 millions en 2050. Trouver des pistes pour soigner la maladie est donc un enjeu de santé publique.
Les intervenants au colloque ont attiré l’attention sur deux études (voir références en bas de page) parues laissant entrevoir un lien entre le virus de l’herpès et la maladie d’Alzheimer.
Dans une première étude, le chercheur Ben Readhead et son équipe ont mis en lumière des taux plus élevés du virus de l’herpès humain 6A (HHV-6A) et 7 (HHV-7) chez les sujets atteints de la maladie. La présence de ces virus affecterait les cellules cérébrales et accélérerait la progression de la pathologie.
Les seconds travaux ont démontré que le virus de l’herpès déclencherait une réponse immunitaire en réaction à l’infection. En effet, dans la maladie d’Alzheimer, les acides aminés, appelés peptides bêta-amyloïdes, sont impliqués. Ainsi, en présence de l’agent viral, ils piègent le virus herpès dans l’amyloïde. Cette réaction immunitaire a pour objectif de protéger le cerveau. Ce dernier produit alors une grande quantité d’amyloïdes pour combattre le virus. C’est cette accumulation d’amyloïde entre les neurones qui perturberait la communication et le fonctionnement des cellules.
La question qui se pose donc : est-ce que les médicaments antiviraux sont susceptibles de traiter ou de réduire le risque d’Alzheimer ?
Melissa Yu, Directrice associée du Centre de la maladie d’Alzheimer et des pathologies de la mémoire, et professeure agrégée de Neurologie à Baylor, tempère l’enthousiasme. Pour elle, il serait précipité de créer un lien entre l’herpès et la maladie d’Alzheimer. Cette corrélation n’étant pas, dit-elle, synonyme de causalité.
Néanmoins, le Professeur Yu, pense qu’il convient de se poser une question plus globale. Elle précise ainsi que peut-être lorsqu’un sujet est affecté d’une infection virale et que celle-ci crée une inflammation importante, les antiviraux peuvent avoir une propriété anti-inflammatoire. Elle souligne, toutefois, qu’il n’y a aujourd'hui aucune donnée sur l’effet des antiviraux sur les personnes souffrant de démence.
Joseph Kass, Directeur du Centre Alzheimer de Baylor, pense que le traitement de la maladie d’Alzheimer sera sans doute semblable au cancer ou au VIH, nécessitant un cocktail de médicaments pour cibler les différents mécanismes.
Le Professeur Kass a conclu l’évènement en spécifiant que, bien que la maladie d’Alzheimer soit profondément douloureuse pour les patients qui se voient privés de leurs souvenirs, et leur famille de leurs proches, les chercheurs continueront à progresser, il y a donc des raisons d’être optimiste.
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